Le geste du printemps : Le débroussaillage !
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Le geste du printemps : Le débroussaillage !

  • Photo du rĂ©dacteur: Tiphanie
    Tiphanie
  • 30 mars 2023
  • 4 min de lecture

DerniĂšre mise Ă  jour : 5 janv. 2024

Thierry, notre technicien forestier nous partage ses conseils avisés !


Le débroussaillage, une habitude printaniÚre
 à limiter au printemps.


C’est la fin de l’hiver, le printemps pointe le bout de son museau. Beaucoup d’espĂšces amorcent une sortie de leur lĂ©thargie hivernale. Cela sera bientĂŽt le temps aussi pour les promeneurs, les naturalistes, les curieux d’aller musarder, observer, identifier, botaniser dans les bois, les prairies, le long des lisiĂšres et des cours d’eau.

Mais attention, c’est aussi le moment de brandir tondeuses et dĂ©broussailleuses qui servent souvent Ă  couper, tailler, Ă©barber, faucher, dĂ©broussailler, faucarder toute cette vĂ©gĂ©tation qui reprend sa croissance naissante.



 Pourquoi changer cette habitude ?


Pour le plaisir des yeux : Ces fauches de printemps nous privent du spectacle magique des floraisons des espÚces sauvages : marguerites, orchidées, lamiers, anémones


Pour préserver le cycle naturel de certains animaux et insectes : Ces coupes perturbent le cycle du vivant, elles peuvent amener à la diminution, voire à la disparition de certaines espÚces. Pourquoi ? Car le printemps est la période de reproduction de nombreuses espÚces animales (hérissons, batraciens, reptiles, insectes
).

Pour prĂ©server le cycle naturel de nombreux vĂ©gĂ©taux : Si la faune est touchĂ©e par le dĂ©broussaillage, elle n’est pas la seule victime. La flore, elle aussi, est fortement impactĂ©e par ces pratiques. Le cycle vĂ©gĂ©tatif et la reproduction de nombreuses espĂšces sont chahutĂ©s, en particulier les plantes Ă  bulbes, mais aussi les plantes annuelles ou bisannuelles. Les plantes annuelles rĂ©alisent leur cycle de vie (naissance, croissance, floraison, reproduction, mort) sur une annĂ©e. Pour les bisannuelles, ce cycle se fait sur deux ou plusieurs annĂ©es. Elles s’épuisent Ă  vouloir reconstituer perpĂ©tuellement leurs organes vĂ©gĂ©tatifs, coupĂ©s par le dĂ©broussaillage, sans jamais pouvoir fleurir et fructifier.

Le printemps est aussi une période propice aux abeilles et papillons qui prélÚvent le nectar des fleurs.

Orphrys abeille, une espĂšce des pelouses sĂšches calcaires

Les fauches printaniĂšres, sacrifient Ă  la fois des zones de reproduction et de ressources alimentaires.


Beau Salsifis des prĂšs, une espĂšce des praires sĂšches et des lisiĂšres forestiĂšres

Dans les sous-bois, c’est la forĂȘt qui ne peut pas se rĂ©gĂ©nĂ©rer. Les jeunes semis disparaissent sous la lame des dĂ©broussailleuses. Ils dĂ©truisent les jeunes gĂ©nĂ©rations d’arbres et arbustes qui permettent pourtant Ă  la forĂȘt de renaĂźtre. Contrairement aux idĂ©es reçues, la ronce couve les jeunes arbres et les accompagne au cours des premiĂšres annĂ©es. Cette bienfaitrice leur permet de s’élever plus rapidement en les protĂ©geant de diverses agressions, comme les animaux qui souhaiteraient les grignoter.


Nous vous conseillons d’un point de vue Ă©cologique de rĂ©aliser les fauches aprĂšs le 1er avril.


Et des fauches en automne ? Oui, mais


Photo de forĂȘt

Les coupes d’automne ou tardives sont Ă©cologiquement plus pertinentes, car plus respectueuses des cycles du vivant. Toutefois, elles laissent un sentiment inachevĂ©. Certes, la plupart des espĂšces vĂ©gĂ©tales ont terminĂ© leur cycle. Mais, laissĂ©es en l’état, elles reprĂ©sentent une ressource indispensable Ă  une partie de la faune : zones de ponte pour certaines espĂšces d’araignĂ©es (Argiope frelon, par exemple), ressources alimentaires pour des passereaux granivores (Linotte mĂ©lodieuse, chardonneret Ă©lĂ©gant, mĂ©sange charbonniĂšre...).


L'Argiope frelon, une araignée, qui se dans les praires hautes à l'automne pour y déposer ses oeufs

Durant l’hiver, on peut observer ces petits oiseaux sur les anciennes hampes florales, Ă  la recherche de leur subsistance. Ne pas faucher Ă  l’automne ou conserver des zones non fauchĂ©es (fauches jardinĂ©es, zones refuges tournantes) permet Ă  tout ce petit monde de trouver gĂźte et couvert. Il conviendrait de privilĂ©gier les fauches de fin d’hiver. Elles prennent en compte le cycle de plus d’espĂšces et n’avantagent donc pas l’une plus que l’autre.


Et si nous fauchions plus haut ?

L'ail des ours, une espĂšce comestibles qui tapisse les sous-bois sans gĂȘner l'installation de jeunes semis

Les coupes rases, qui consistent Ă  faucher au ras du sol, sont Ă  proscrire. En coupant plus haut de quelques centimĂštres, nous Ă©vitons la destruction ou la mutilation des espĂšces vivant au ras du sol (insectes, reptiles, batraciens
). Nous limitons Ă©galement la mise Ă  nu du sol, Ă©vitant son Ă©rosion ou son rĂ©chauffement. Certaines espĂšces vĂ©gĂ©tales, mĂȘme de prairies, peuvent alors accomplir leur cycle et offrent, de surcroĂźt, des scĂšnes paysagĂšres exceptionnelles. Prenons l’exemple de la centaurĂ©e noire. C’est une espĂšce vivace qui peut atteindre une hauteur de 50 Ă  60 cm. FauchĂ©e au printemps Ă  4 cm, elle survit, mais ne peut pas fleurir. En relevant la hauteur de fauche entre 8-10 cm, elle offre, au cours de l’étĂ©, de somptueux et denses tapis pourpre.


Le sens de la coupe est important pour ne pas piéger la macro-faune



Il existe plusieurs types de dĂ©broussaillage. La fauche centripĂšte (de l’extĂ©rieur vers l’intĂ©rieur) a tendance Ă  piĂ©ger la faune au centre de la zone fauchĂ©e. Pour permettre Ă  la petite faune de fuir la lame de la machine et de rejoindre des zones non fauchĂ©es, il faut rĂ©aliser une fauche centrifuge (de l’intĂ©rieur vers l’extĂ©rieur). Cela permet Ă  la faune de se dĂ©placer vers l’extĂ©rieur de l’espace entretenu, plutĂŽt que d’ĂȘtre acculĂ©e vers un Ăźlot herbeux temporaire.

Ces zones extĂ©rieures seront, comme on l’a vu prĂ©cĂ©demment, fauchĂ©es vers la fin d’hiver.


Schéma de comment faire le centrifuge

Que faire des résidus de fauche ?


Lorsque l’on pratique des fauches tardives, les volumes de rĂ©manents peuvent rapidement devenir consĂ©quents. Le travail de ramassage long et fastidieux amĂšne bien souvent Ă  tout laisser sur place.

Or, sur certains habitats (sur les pelouses et prairies sĂšches par exemple), il est important d’évacuer les dĂ©chets de fauche.

LaissĂ©s sur place, ceux-ci enrichissent le sol avec de la matiĂšre organique qui sera plus ou moins vite dĂ©gradĂ©e et transformĂ©e en matiĂšre minĂ©rale. Cet enrichissement favorise un cortĂšge d’espĂšces vĂ©gĂ©tales peu diversifiĂ©, avec parfois des espĂšces qui posent des soucis d’envahissement et de dissĂ©mination (chardons, liserons, dactyles
). En revanche, un appauvrissement, grĂące Ă  l’évacuation des rĂ©manents, limite leur installation, entraĂźne mĂȘme leur rĂ©gression et offre donc la place Ă  de nombreuses autres espĂšces. Ainsi, un changement de pratiques simples permet d’accroĂźtre la biodiversitĂ© de certains milieux.

Afin de rendre ce travail moins pĂ©nible, apprenons tout d’abord Ă  faire des andains, lorsque l’on utilise la dĂ©broussailleuse. Cela facilite l’évacuation.

Enfin, diffĂ©rer le ramassage. MalgrĂ© toutes les prĂ©cautions prises pour sauvegarder la petite faune, certains individus se trouvent piĂ©gĂ©s dans nos andains. Quand cela est possible, il faut attendre une Ă  deux journĂ©es avant de ramasser. Ce laps de temps devrait permettre Ă  toutes ces petites bĂȘtes de pouvoir sâ€˜Ă©chapper vers des zones plus accueillantes.


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