120 000 tonnes, c'est la quantité d’huiles essentielles produites chaque année dans le monde.
L’Île de Madagascar est parfois appelée le pays des huiles essentielles, car il compte pas moins de 71 espèces de plantes aromatiques, dont 30 sont endémiques de l’Île. Cette richesse olfactive offre un potentiel de développement économique et humain grâce à la culture des plantes aromatiques et la production d'huiles essentielles.
Les huiles essentielles et végétales, une richesse aromatique à préserver
Mais la biodiversité exceptionnelle de l'Île est également menacée. Avec un taux d'endémisme dépassant les 80%, le pays recense 10 000 plantes endémiques, d’où l’importance d’inscrire la valorisation de cette flore dans une gestion durable des ressources naturelles, mais aussi une répartition équitable des revenus de leurs transformations.
Avec une demande sur le marché mondiale qui ne cesse de croître, Madagascar exporte 95% de sa production à l’international. Notamment les huiles essentielles de Ravintsara, de Mandravasarotra (Saro) ou encore d'Ylang-Ylang, mais également de Géranium, les incontournables du pays.
Malheureusement, cette forte demande n'est pas toujours synonyme de développement pour les producteurs à la base de la chaîne de production. En effet, souvent déconnectés des marchés et manquant d'infrastructures, ils ne sont pas rémunérés à leur juste valeur. Ce sont les sociétés d’exportation qui captent la grande partie de la plus-value sur les huiles essentielles, ne laissant les producteurs locaux qu’avec de maigres revenus.
La production d'huiles essentielles, une répartition inégale des revenus
À Madagascar, les sociétés d'exportations influent grandement sur la fixation des prix. Pour subvenir à leurs besoins, et toucher rapidement un peu d'argent, les paysans bradent le produit de leurs efforts.
Le paysan-récolteur s’occupe de la récolte de plantes aromatiques. Il revend la masse verte aux sociétés pour seulement 0,01 à 0,30€ le kilo. Ces prix dérisoires, incitent le paysan à collecter au maximum dans l’espoir d’augmenter son revenu. Malheureusement, il lui est difficile de récolter plus de 200kg par mois, faisant de la récolte une activité d’appoint ne rapportant que 2€ par mois au maximum.
Le paysan-producteur, lui, exerce une activité plus permanente. Il ne se limite pas à la récolte, mais aussi à l’extraction et la commercialisation à petite échelle des huiles essentielles. On l’appelle aussi « petit producteur ». Contrairement au récolteur, les plantes aromatiques peuvent représenter sa source principale de revenu. Il gagne jusqu’à 20€ / mois, ce qui reste très faible pour assurer la pérennité de l’exploitation et l’achat de matériel.
Le paysan-planteur, est salarié auprès d’exploitants privés. Il cultive les plantes aromatiques pour un revenu de 30 à 35 €, qui s’ajoutent à son activité principale. Ce système pourrait avoir un impact positif sur leurs développements, car il permet au paysan-planteur d'acquérir suffisamment de savoir pour développer sa propre exploitation. Toutefois, fautes de ressources financières, il reste souvent salarié.
Dans tous les cas, la politique de prix appliquée par les exportateurs qui gagnent 50 à 300€ sur chaque litre d'huile essentielle, entretient le cercle vicieux de la pauvreté pour les paysans.
Que les huiles proviennent de collectes sauvages ou de cultures, cette précarité incite les paysans à augmenter leurs collectes de plantes et leurs productions au prix parfois lourd de l'impact sur la biodiversité. Pour y remédier, il est indispensable de travailler de la production aux débouchés pour garantir une rémunération juste aux paysans et de briser ce cercle vicieux.
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