Partie 1 : Les arbres vus de l’intĂ©rieur : Anatomie et Nutrition
top of page

Partie 1 : Les arbres vus de l’intĂ©rieur : Anatomie et Nutrition

  • Photo du rĂ©dacteur: Tiphanie
    Tiphanie
  • 20 juin 2024
  • 6 min de lecture

DerniĂšre mise Ă  jour : 17 janv.

Les arbres que nos grands-parents contemplaient ne sont plus les mĂȘmes que ceux dĂ©cris Ă  nos enfants. Nos aĂŻeux n’avaient pas les outils nĂ©cessaires pour connaĂźtre ces ĂȘtres majestueux. La science et l’observation fine ont bouleversĂ© notre comprĂ©hension de leur fonctionnement. Aujourd’hui, nous plongeons dans la vie intĂ©rieure des arbres. GuidĂ©s par nos deux experts forestiers du projet CƓur de ForĂȘt Sud-Ouest : Hyacinthe et Thierry.


Hyacinthe, formĂ©e Ă  nos cĂŽtĂ©s, nous montre l’importance de comprendre les rouages des arbres : leur anatomie et leur nutrition. Thierry, aprĂšs avoir explorĂ© les techniques de dĂ©broussaillage, capte notre attention sur les processus d’adaptation des arbres face aux dĂ©rĂšglements climatiques.


Ensemble, ils vont faire de vous des experts de la vie cachée des arbres.

 

D’aprĂšs le chercheur en Ă©cologie forestiĂšre Jacques Tassin : « Au cours de l’évolution, les arbres ont suivi leur propre histoire de maniĂšre parallĂšle Ă  la nĂŽtre. C’est un monde diffĂ©rent, tout aussi riche, mais incomparable. Les arbres nous offrent un exemple d’altĂ©ritĂ© absolue. » Ensemble, dĂ©couvrons ce monde oĂč vivent les arbres au fil des saisons. Plongeons au cƓur de leurs structures et de leurs mĂ©tabolismes, ensemble des rĂ©actions chimiques internes, invisibles Ă  nos yeux, mais qui font de l’arbre et du vĂ©gĂ©tal des ĂȘtres vivants fascinants.


Connaissez-vous l’anatomie de l’arbre ?


L’arbre est divisĂ© en trois parties. Chacune d’entre elles, joue un rĂŽle essentiel dans son fonctionnement.


Les racines, la connexion avec notre atmosphÚre


Souvent cachées, les racines sont le plus souvent constituées de deux parties distinctes :

  • Le pivot, qui sert d’ancrage, est la racine principale verticalement enfoncĂ©e dans le sol.

  • Les racines latĂ©rales, quant Ă  elles, prospectent les couches de sols Ă  leurs portĂ©es pour en tirer le maximum de ressources.

 

Au bout de chacune de ces racines, se trouvent les radicelles : de petites racines. Celles-ci absorbent l’eau et les Ă©lĂ©ments minĂ©raux contenus dans le sol. Pour remplir cette mission, les radicelles sont aidĂ©es de la partie chevelue et des mycorhizes, partie des racines oĂč il y a une collaboration fine des arbres avec des filaments de champignons du sol.  


Entre les racines et le feuillage, ces Ă©lĂ©ments vont transiter par le tronc. Cet Ă©lĂ©ment ligneux, constituĂ© de bois, est en quelque sorte le corps de l’arbre. Il lui permet cette verticalitĂ© souvent imposante.

 

Prenons le temps de découper le tronc


Schéma découpé d'une tronc

Au centre du tronc, nous trouvons le duramen. C’est le “bois de cƓur”, la partie la plus dense du bois. Le duramen est l’élĂ©ment de soutien central de l’arbre.

 

CollĂ© Ă  lui, c'est l’aubier, qui reprĂ©sente le systĂšme conducteur de la nourriture, qui se nomme aussi la sĂšve brute.

 

Cette sĂšve brute est constituĂ©e de sels nutritifs dissous dans l’eau, un mĂ©lange prĂ©levĂ© du sol par les racines. Le xylĂšme, ensemble de vaisseaux conducteurs, achemine la sĂšve brute vers le haut de l’arbre.

Le cambium est la partie suivante, un tissu vĂ©gĂ©tal marquant la limite entre le bois et l’écorce, c’est le tissu de croissance de l’arbre.

Le liber est la partie de l’arbre sous l’écorce, oĂč le bois est fraĂźchement formĂ©. Il contient le phloĂšme, les vaisseaux conducteurs de la sĂšve Ă©laborĂ©e. Elle est la substance cheminant du haut vers le bas de l’arbre. Elle contient du glucose, les sucres fabriquĂ©s grĂące Ă  la photosynthĂšse dans les feuilles.

Enfin vient l’écorce, qui protĂšge l’arbre contre les attaques biologiques, contre les gelures, contre le dessĂšchement et les blessures. Cette partie de l’arbre est impermĂ©able, mais permet des Ă©changes gazeux pour la respiration des cellules situĂ©es Ă  l’intĂ©rieur, dans les couches vivantes du tronc.

 

AprĂšs ce long voyage, les sels minĂ©raux et l’eau issus des racines rejoignent la couronne ou le houppier, soit la partie de l’arbre se situant entre la premiĂšre branche et la cime de l’arbre.

 

Les branches, le lien entre racine et feuilles


Les branches sont les fortes ramifications du tronc d’un arbre. Les rameaux constituent la division des branches, et les ramilles sont la division des rameaux. Ces branches servent Ă  utiliser le maximum d’espace pour exposer les feuilles au soleil. Elles forment Ă©galement le lien entre les racines et les feuilles.


Le feuillage se situe au bout de toutes ces ramifications. Une feuille est constituĂ©e de deux parties, le limbe contenant les cellules chlorophylliennes et le pĂ©tiole pour l'acheminement de la nourriture. Le feuillage, organe aĂ©rien, sert pour la photosynthĂšse, c’est-Ă -dire la production des sucres et protĂ©ines. Ils vont ensuite ĂȘtre transportĂ©s dans la sĂšve Ă©laborĂ©e pour alimenter toutes les cellules de l’arbre jusqu’aux racines.

 

AprĂšs avoir compris comment l’arbre se dĂ©coupe, nous allons maintenant aborder la maniĂšre de se nourrir propre Ă  l’arbre.

 

Comment les arbres se nourrissent-ils ?

En fonction des saisons, le vĂ©gĂ©tal ne rĂ©agit pas de la mĂȘme maniĂšre. La tempĂ©rature et la durĂ©e du jour jouent un rĂŽle primordial. C’est au retour des beaux jours que la machine intĂ©rieure de l’arbre se remet en route.



Comment rĂ©agit le mĂ©tabolisme de l’arbre ?

 Au retour du printemps, les feuilles et fleurs sortent de leurs dormances aprĂšs avoir passĂ© plusieurs nuits Ă  des tempĂ©ratures au-dessus du point de gel. Ce dĂ©veloppement est possible grĂące aux rĂ©serves que l’arbre a stockĂ©es dans son bois. Au retour de la sĂšve brute, le mĂ©lange entre l’eau et les sucres stockĂ©s permet de nourrir les bourgeons.

 

D’oĂč vient cette eau ?  Comment arrive-t-elle jusqu’aux feuilles ?

 Au mĂȘme moment que l’apparition des feuilles, de nouvelles racines poussent sous terre : les radicelles et la partie chevelue. Ses racines, fortement concentrĂ©es en sel, attirent l’eau prĂ©sente dans les environs : c’est le phĂ©nomĂšne d’osmose. Le liquide s’y accumule, crĂ©ant une pression dans le systĂšme racinaire, poussant cette sĂšve brute vers le haut de l’arbre. Deux autres phĂ©nomĂšnes permettent Ă  la sĂšve de monter :

-            D’un cĂŽtĂ©, la capillaritĂ© qui permet Ă  l’eau de progresser dans le xylĂšme.

-            De l’autre, l’évapotranspiration qui s’opĂšre dans les feuilles. Une partie de la sĂšve brute se transforme en vapeur sous l’effet de la chaleur, crĂ©ant comme une pompe aspirant le liquide des racines vers le haut.

 

Avant d’expliquer le rĂŽle des feuilles, rappelons un autre acteur qui permet Ă  l’eau et aux sels minĂ©raux de s’engouffrer dans les racines. C’est la mycorhize, une association symbiotique entre un champignon et un arbre. Le champignon va chercher les nutriments inaccessibles pour l’arbre. En Ă©change, le vĂ©gĂ©tal va produire du glucose dont le champignon a besoin.

 

Comment ce glucose est-il produit ?

La feuille joue un rîle essentiel pour la survie de l’arbre, c’est elle qui produit sa nourriture grñce à la photosynthùse.


La photosynthĂšse est une rĂ©action chimique se produisant avec le vert de la feuille, la chlorophylle. La couleur va capter la lumiĂšre du soleil qu’elle va emmagasiner dans le chloroplaste. C’est l’usine oĂč sont produits les sucres. GrĂące Ă  la lumiĂšre, le dioxyde de carbone (CO2) prĂ©sent dans l’air ainsi que l’eau arrivĂ©e des racines vont ĂȘtre transformĂ©s en glucose et en dioxygĂšne (O2). Ce mĂ©canisme est vital pour tous les ĂȘtres vivants utilisant la respiration. L’O2 est un dĂ©chet qui va ĂȘtre filtrĂ© puis rejetĂ© massivement dans l’air. Le glucose, de son cĂŽtĂ©, sera acheminĂ© Ă  travers le phloĂšme, pour la croissance de l’arbre, des cellules. C’est une source d’énergie primaire.

 

À la fin de l’étĂ©, les tempĂ©ratures commencent Ă  se rafraĂźchir. L’arbre se prĂ©pare pour hiberner.

 Durant cette pĂ©riode, c’est la phase de « dormance ». Le mĂ©tabolisme de l’arbre ralentit et se concentre sur le tronc et les racines. La production de glucose s’est arrĂȘtĂ©e, car la durĂ©e du jour est moins longue et l’eau ne monte plus. Les cellules des feuilles meurent. Les feuilles tombent. Le tronc, de son cĂŽtĂ©, est un trĂšs bon alliĂ© quand les tempĂ©ratures chutent puisqu'il sert d’isolant contre le gel.

Les sols, souvent gelĂ©s durant les saisons froides, empĂȘchent les racines d’accĂ©der Ă  l’eau. Le gel est Ă©galement une menace pour l’arbre, car aprĂšs son passage, il peut laisser des bulles d’air dans la tuyauterie de l’arbre, entrainant un dĂ©chirement des tissus. Pour se protĂ©ger, les conifĂšres forment une couche de cire autour de leurs aiguilles. Les feuillus, de leur cĂŽtĂ©, mĂ©langent certains de leurs sucres avec de l’eau pour baisser la tempĂ©rature de prise en glace.

Puis à nouveau les beaux jours reviennent. Le cycle de vie de l’arbre recommence.


AprÚs avoir exploré en détail l'anatomie et le fonctionnement interne des arbres, tournons-nous vers la réaction des arbres face aux dérÚglements environnementaux.

Les arbres, bien qu'ancrĂ©s dans un mĂȘme lieu, dĂ©montrent une remarquable capacitĂ© d'adaptation face aux variations climatiques. Comment parviennent-ils Ă  survivre et Ă  prospĂ©rer malgrĂ© les conditions changeantes ? Pour le dĂ©couvrir, lisez l’article « Les arbres vus de l’intĂ©rieur : Migration et Adaptation ».

bottom of page